Ecriture et perfectionnisme
- ossartdorothee
- 20 nov.
- 16 min de lecture
Nombreux sont les messages que je reçois de parents qui observent un trop grand perfectionnisme chez leur enfant. Celui-ci les freine dans leurs apprentissages, notamment dans les domaines du graphisme et de l’écriture. Mots gommés jusqu’à en arracher les pages, dessins abandonnés par désespoir de ne pouvoir reproduire parfaitement le modèle,… Crises et abandons finissent par ternir la confiance et paralyser ces enfants. Les moments d’apprentissages deviennent alors stressants pour tous.
J’ai rencontré cette situation avec Lili-Rose et ma sœur la rencontre avec Swann, 6 ans, en instruction en famille également.
Nous vous partageons ici nos expériences qui semblent utiliser certains leviers communs pour débloquer ce problème. Peut-être cela pourra t-il vous aider.

Lili-Rose
Contexte
Lorsque nous avons déscolarisé Lili-Rose à l’âge de 6 ans, elle était allée deux mois en CP et apprenait donc seulement à écrire en cursives. Au tout début de cette instruction en famille, nous n’avions pas encore mis en place cette pédagogie libre et créative qui nous caractérisent aujourd’hui (cf. notre compte Instagram ou mon livre) . Lors des premiers jours d’ief , nous reproduisions plus ou moins l’école et utilisions des supports formels comme des cahiers d’écriture avec des lignes de lettres à recopier (je ne rejette pas ces cahiers, nous y reviendrons plus tard). Rapidement, j’ai constaté que Lili-Rose s’agaçait beaucoup et peinait à former les lettres. Elle gommait, gommait encore, jusqu’à trouer ses cahiers. Aucun de ses tracés, n’étaient à ses yeux, aussi bien que le modèle. Elle se décourageait vite, elle avait rapidement mal à la main.
À cette époque, en parallèle à son parcours de diagnostic de trouble autistique, elle avait passé des tests qui mettaient en avant une dysgraphie (trouble de l’apprentissage de l’écriture). Encore sous le coup de la phobie scolaire, du trouble anxieux, en pleine passation des tests pour le diagnostic TSA (trouble du spectre autistique) et avec l’instruction en famille qui débutait, nous n’avions pas l’énergie et la disponibilité pour nous lancer dans des séances d’orthophonie pour travailler sur cette dysgraphie.
Et puis, j’avais ce sentiment intérieur que ce n’était pas une difficulté insurmontable, j’avais confiance.

Nécessité et envie, le bon déclic
ou quand l’intérêt et le jeu détournent le perfectionnisme
Rapidement, nous avons opté pour l'apprentissage informel (par le jeu, les activités quotidiennes...) car nous constations que le rythme et les « supports scolaires » ne convenaient pas au profil atypique de Lili-Rose. Et pour preuve: les maux de la phobie scolaire revenaient mais, cette fois, à la maison. Et ça, il n’en était pas question. Je potassais alors plusieurs livres sur l’Education Nouvelle et ses grands pédagogues (Montessori, Steiner-Waldorf, Freinet,...), découvrant ceux qui mettaient au premier plan l'autonomie, le jeu, la manipulation et les centres d’intérêts de l’enfant. Quelle formidable découverte qui me marqua à jamais.
Mais la plus grande leçon que j’appris fut celle du respect du rythme de l’enfant. La première chose que je fis, fut de mettre de côté l’écriture, les cahiers et de laisser Lili-Rose mener sa barque à son rythme. Je la laissais faire ce qu’elle faisait naturellement à longueur de journée: jouer.
De mon coté, je nourrissais ses jeux autant que je le pouvais, en chinant de petites choses pour ses Sylvanian Families, en allant rechercher au grenier toutes les peluches d’animaux pour qu’elle joue au vétérinaire, etc… mais sans intervenir directement ou interférer.
Quelques semaines plus tard, nous avions l’idée de lancer un journal thématique sur les chiens que nous distribuerions aux membres de la famille et aux amis, nos abonnés. Pour rédiger un journal, mieux vaut savoir écrire ! Voici le constat que fit rapidement Lili-Rose. Conscientes de ses difficultés, je lui proposais d’écrire la majorité du journal, tandis qu’elle s’occuperait des images à coller et ne copierai que quelques titres en majuscules ou en cursives elle avait le choix.
A cette époque, Lili-Rose était passionnée par les chiens, chaque semaine, nous découvrions une race à laquelle nous dédiions un numéro de notre journal. (Pour le récit détaillé et rocambolesque, lire le livre Lili-Rose apprend ; ) Chaque semaine, poussée par cette passion et le défi de sortir le numéro à temps, je constatais qu’elle écrivait un peu plus et avec un peu plus de facilité. Avoir des crayons neufs, aux couleurs et textures variées avait également aidé à rendre l’activité plus légère, et même parfois agréable. Nous nous félicitions de notre journal, de notre travail de collaboration, ça avait fier allure !
Pistes / réflexions
--> ne pas vouloir travailler l'écrit coûte que coûte, ne pas forcer
--> laisser l'enfant écrire en majuscules si il préfère, le temps qu'il faudra
--> partager l'écriture: écrire à la place de l'enfant, le texte entier ou une partie
--> l'écriture s'insère dans un projet, un jeu, un univers qui passionne l'enfant
--> il éprouve la nécessité de savoir écrire pour faire aboutir son projet, son jeu

Booster l’imagination et l’ouverture, déconstruire l’idée du perfectionnisme
Avec la force du jeu libre et dans un environnement où la création, l’art étaient en perpétuelle toile de fond (c’est mon métier) , Lili-Rose développait son imagination à vitesse grand V. Et son imagination lui donnait des envies, des idées. Le besoin d’écrire devenait plus impérieux. Pour ses jeux !
Lili-Rose possédait une intelligence visuelle, comme beaucoup de personnes autistes (cf. livre Penser en images de Temple Grandin), elle adorait regarder les images dans les livres et voulait à tout prix dessiner, colorier. Mais même le coloriage était fastidieux. J'essayais de l’aider, de faire avec elle mais pour cette activité, elle refusait. Ses coloriages finissaient souvent par un abandon frustré et de la colère.
Je décidais plutôt de l’initier à la peinture, pour lui montrer comment couvrir une plus grande surface d’un coup afin que ce soit moins fastidieux, plus rapide. Et pour lui montrer aussi comment travailler en couches superposées de peinture ( cf. Tutos et livres de méthodes pour peindre à l’acrylique) plutôt que dans l’idée de « contours de dessins à ne pas dépasser ». En parallèle, je voulais lui faire découvrir la variété des courants de l’Histoire de l’Art, particulièrement ceux abstraits. Mais aussi tous ces tableaux aux styles variés, qui se voulaient figuratifs mais pas forcément réalistes. Je voulais lui montrer les œuvres de ces grands artistes dont on trouve parfois les toiles « simplistes ». Il était important que Lili-Rose voit cela: dessiner, peindre, ce n’était pas forcément reproduire la réalité, ce n’était pas forcément « parfait ». Visiter les musées appuyait cela, c’est donc ce que nous fîmes.

Il faut dire qu’avec une mère artiste peintre et qui dessine aussi, il devait être compliqué pour Lili-Rose de ne pas se comparer. Je décidais alors d’aller chez mes parents rechercher dans leur grenier les dessins que je faisais à son âge. J'improvisais alors une petite expo dans mon atelier, en dialogue avec mes dessins actuels afin que Lili-Rose comprennent que la première phase de tout apprentissage était souvent… chaotique et fastidieuse ! Je voulais lui montrer que moi aussi j’étais passé par là, je ne savais pas dessiner comme maintenant, je n’étais pas née avec ce talent. Cela nécessitait du temps, de l’entraînement.
Souvent, nous évoquions de façon légère et à propos, le perfectionnisme, ce qu’il faisait pour nous bloquer, ce qu’il disait dans notre tête. Nous le transformions en un personnage malfaisant lorsqu’il devenait paralisant. Ainsi, il se détachait peu à peu de Lili-Rose. Elle n’était pas le perfectionnisme, elle subissait son harcèlement. Prendre conscience de cela l’aida aussi.

Pistes / réflexions
--> montrer des peintures abstraites, faire découvrir l'Art, les musées. Il existe d'autres styles que le réalisme et le figuratif. Permet de déconstruire l'idée de perfection, de "ne pas dépasser"...
--> proposer du coloriage mais pas que. Peinture acrylique, aquarelle... "en mode libre" / "lâché prise", permettent de faire sortir les émotions liées à la perfection, de libérer la main et le geste, d'être plus à l'aise (cf.le livre Le jeu de peindre d’Arnold Stern)
--> montrer ses propres dessins d'enfant, si on les possède encore. Parler de ses propres faiblesses, de son perfectionnisme si l’on est concerné, de ses difficultés d’apprentissages enfant.
La force de la créativité
Les mois passaient, Lili-Rose avait surement pas mal de retard en écriture par rapport aux autres enfants de son âge scolarisés. Je tentais de me détacher de cette pensée car, à côté de cela, sa soif de lire était énorme. Je trouvait que quelque par cela compensait. Et j’avais raison. Un jour, elle eut envie, elle aussi, d’écrire des histoires, des livres. Elle se lança alors, comme elle le pouvait, dans l’écriture. Pour cela, je lui offris des carnets en tous genres, je lui traçais des lignes sur des feuilles vierges, lui donnais l’orthographe d’un mot crié à l’autre bout de la maison, je lui achetais un dictionnaire spécifique (Dictionnaire Diclé), je retranscrivais ses paroles en modèle pour qu’elle n’ait plus qu’à recopier son histoire ou bien encore, je l’écrivais au crayon de bois et elle n’avait plus qu’à retracer au stylo à bille par dessus pour gommer ensuite.

J’insistais auprès de Lili-Rose sur le fait de ne pas se fatiguer ou se lasser, de n’écrire qu’une seule phrase par jour si il le fallait, de n’y passer qu’une seule minute même ! Peu importait, l’idée était d’avoir fait un pas et de ne pas laisser le perfectionisme gagner. Elle apprit donc, en parallèle, la persévérance, la combativité et éprouva le bonheur, l’immense fierté, de voir son idée se matérialiser dans le monde.

Pistes / réflexions
--> offrir de jolis carnets, avoir des crayons variés, du matériel de peinture à disposition
--> miser sur l'amour des livres, la lecture, regarder de beaux albums illustrés pour développer le sens du beau. Amour de l'écriture et de la lecture sont intimement liés.
--> proposer de mini-séance d'écriture, d'illustration... (même 2 minutes, avec un time timer) pour avancer sur un projet qui tient à coeur.
Continuer de déconstruire le perfectionnisme (car cela prend du temps)
Je me souviens d’un jour où mon mari avait écrit un courrier à la main, je le pris comme exemple pour montrer à Lili-Rose que plein d’adultes (dont moi aussi)écrivaient « mal » ! Que parfois, l’on ne reconnaissait même pas certaines des lettres ! Et que c’était acceptable dans la société des adultes, nous n’avions pas besoin d’écrire parfaitement pour se faire comprendre. J'insistais sur le fait que le perfectionnisme n’était pas un pré requis pour prendre part à ce monde.
Un autre jour, elle avait choisi de reprendre un cahier de lignes d’écriture. Je l’avais acheté car il faisait un peu ancien et était visuellement attrayant (cahier « capucine », « églantine », chez Magnard, malheureusement plus édités). Je l’avais posé là dans la bibliothèque, il était disponible à l’envie. Lili-Rose me dit qu'elle ne comprenaient rien aux majuscules en cursives, elle n’arrivait pas à les reconnaître, à les tracer. Au bout de quelques essais infructueux, je lui dis simplement que ça ne servais pas réellement dans la "vraie vie" d’apprendre ça et que l’on pouvait très bien s’en sortir en écrivant les majuscules « en bâton ». Je lui montrais alors que c’était le cas dans les livres, sur internet, lorsque moi-même j’écrivais… Bref, quasiment partout ! Nous abandonnions donc cela pour se concentrer sur autre chose: le plaisir d’écrire à une amie pour l’inviter à jouer à la maison, lui envoyer une carte postale depuis notre lieu de vacances, écrire le menu lorsque l’on reçoit des invités à dîner, etc...
De fil en aiguilles, de petits ou grands projets en dialogues sur le perfectionnisme, d’ouvertures en ouvertures à toutes les formes de graphie… Lili-Rose délia sa main. Cela s’est produit sur plusieurs années, de 6 à 10 ans. Comme je le disais au démarrage, à son rythme.

Pistes / réflexions
--> accepter d'abandonner certaines choses pour un temps ou définitivement (écrire joliment, savoir écrire les majuscules en cursives...)
--> lire des livres sur le perfectionnisme destinés aux adultes pour comprendre le mécanisme et l'appliquer, l'expliquer, de façon simple et légère à l'enfant. Ne pas hésiter à personnifier les pensées négatives avec l'enfant pour les dissocier de lui. Se moquer, jouer avec le perfectionnisme pour dédramatiser la situation.

Pour aller plus loin
Perfectionnisme et atypies, un certain lien
Il existe souvent un lien entre perfectionnisme et certains profils d’enfants atypiques (haut potentiel, autisme, TDAH, troubles spécifiques des apprentissages, etc.).
Quelques points importants :
Chez l’enfant autiste : le perfectionnisme peut découler du besoin de contrôle, de la recherche de règles claires et de la difficulté à tolérer l’imprévu ou l’erreur. L’enfant peut avoir du mal à accepter que « ce n’est pas parfait » ou que les choses ne soient pas comme prévu.
Chez l’enfant à haut potentiel (HPI) : le perfectionnisme est souvent lié à une conscience aiguë de l’écart entre ce qu’il imagine (idéal) et ce qu’il réussit à produire réellement. Cela peut générer frustration et autocritique très forte.
Chez les enfants avec troubles des apprentissages (dys-) : le perfectionnisme peut être une réaction aux échecs répétés : l’enfant veut « compenser » en visant l’excellence, ou au contraire il se bloque et n’ose plus essayer de peur de se tromper.
Aspect commun aux profils atypiques : une hypersensibilité (aux critiques, à l’échec, au regard des autres) et un haut niveau d’exigence intérieure renforcent souvent cette tendance.
Si comme Lili-Rose, l'enfant cumule toutes ces atypies, le défi est grand mais avec de l'amour et beaucoup de patience, je suis certaine que tout est possible !
Pistes de réflexion
-> faire poser des diagnostics en cas de suspicion de neuro&tapie par des professionnels afin que l’enfant puisse mieux se connaître et avancer sereinement dans le respect de sa personne.
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Mélissa, maman IEF de Swann (6 ans et demi) et Lou (5 ans)
Les problèmes de perfectionnisme et d’angoisse du crayon ont commencé très jeune chez Swann ! Dès l’étape du coloriage, vers 3 ans, il a manifesté une grande insatisfaction en constatant qu’il ne parvenait pas à colorier sans dépasser. Il y a eu de longues périodes durant lesquelles il n’a pas tenu un crayon, et puis progressivement, en grandissant, et en offrant des activités adaptées, le geste s’est affiné, jusqu’à prendre plaisir en coloriant !
Le même chemin a été suivi pour l’écriture, avec son lot de découragement et de frustration pour Swann. Mais nous avons réussi à désamorcer la situation grâce à de petits pas que nous avons faits ensemble.
Son petit frère, Lou, suit une trajectoire similaire, entre intérêt et désamour pour le crayon et l’écriture ! Il est dans la même spirale négative du perfectionnisme « je ne vais pas y arriver, donc je n’essaie pas / j'arrête ». Le moment le plus crispant est celui où il est face à un exercice de graphisme, dans un cahier d’activités, un crayon bille à la main. Refus de saut d’obstacle assuré !
Voici quelques pistes de réflexion et astuces qui ont fonctionné pour les garçons :
Proposer une large gamme de supports
L’ardoise effaçable est l’un de ces outils magiques ! Si on se trompe, on efface aussitôt et on recommence. Lou apprécie ce support et ne « se met pas la pression » comme il peut le faire face à un cahier ! Il trace des lettres ou dessine sur l’ardoise tout en prenant confiance en son geste.

Swann a connu le même amusement en commençant à dessiner et écrire sur une petite ardoise noire, type tablette.
Cela fonctionne aussi avec un tableau noir et des craies ! Il n’y a pas que sur un cahier que l’on peut exercer le graphisme !

D’autre part, j’ai en réserve une série de crayons différents, que les garçons testent au fur et à mesure. On fait de belles choses aujourd’hui au niveau de l’ergonomie des crayons et cela aide la prise en main ! Ainsi, à la maison, nous avons des crayons avec encoches, coussinets, de forme triangulaire, de gros diamètres,… les garçons testent et finissent par adopter ceux avec lesquels ils se sentent le plus à l’aise.

L’intérêt et la motivation comme leviers
Régulièrement je crée de petits exercices de graphisme pour les garçons qui mettent en scène des choses qu’ils aiment : tracteurs, engins de chantier, mammouths, dinosaures,… Pour cela j’utilise le logiciel en ligne de création graphique Canva (qu’on ne présentera plus !)
Les garçons ne peuvent résister à des consignes du style « Aide le tracteur à retrouver son chemin... », « Trace la route qui reliera le bébé diplodocus à son papa... » Ils se prennent au jeu et réalisent de petits exercices de graphisme sans s’en rendre compte.

Utiliser le crayon, le pinceau, la plume,…
Je propose régulièrement aux garçons des activités de création artistique. Nous varions les approches et les outils, ce qui les enthousiasme beaucoup ! Ce sont également des moments privilégiés et décontractés au cours desquels les enfants exercent et affinent le geste graphique sans y prêter attention.

J’ai débuté ce petit topo par le coloriage. J’en profite pour y revenir ici. Il a fallu contourner le problème avec Swann, qui était, comme je le disais, très frustré par le fait de « dépasser ». Au tout début j’ai imprimé des coloriages vraiment très simples, avec de larges plages à colorier, sans trop de détails. Je coloriais ensuite moi-même une large bande sur les contours et Swann coloriait ce qui restait, au centre. Petit à petit, en procédant de cette manière, Swann a pris plaisir à colorier et surtout à gagner en confiance en lui.

Aborder l’écrit par des projets concrets, des écrits utiles
Par les multiples projets que nous menons en IEF et dans notre quotidien, les garçons sont confrontés à la nécessité d’écrire. Ces moments où le besoin d’écrire est impérieux sont particulièrement intéressants et formateurs ! C’est la motivation endogène qui s’exprime ici, celle qui vient du plus profond de nous et qui nous fait apprendre durablement.
Voici quelques exemples d’écrits liés à des projets :

Swann et Lou écrivent des étiquettes avec les noms des continents pour agrémenter leur zoo.

A gauche : Jeu du vétérinaire - Swann a écrit le nom du "patient" et son poids.
Au milieu : jeu du restaurant - Les garçons affichent le menu du jour, écrit par leur soin.
A droite : Les garçons recensent les différentes variétés d'arbres du jardin.

A gauche : étiquettes de prénoms pour de petits sachets de bonbons.
Au centre : carte d'anniversaire rédigée en partie par Swann.
A droite : tarifs du "musée" de la maison écrits par Lou.
Enfin, je voudrais souligner qu’ilJme semble important que nos enfants nous voient écrire, nous aussi. A une époque où tout passe désormais par un clavier, offrons aux enfants des exemples d’écriture manuscrite, montrons leur à quoi ressemble notre écriture, et comment elle a encore une place dans notre quotidien !
Quelques idées : envoyer des cartes de vœux, des cartes d’anniversaire, des cartes postales ! Ecrire un courrier, à la main, sur du papier à lettres ! Montrer aux enfants qu’on tient un petit journal personnel ! Dresser des listes !

J'ai rédigé une lettre manuscrite que nous avons envoyé à un auteur d'album jeunesse que nous apprécions particulièrement avec les garçons.
Accueillir tous les progrès
Être dans une dynamique d’encouragement et de verbalisation des progrès, même minimes, est un maillon important du processus.
De petites phrases, qui ne sont pas de la flatterie, mais qui viennent faire un constat positif sont une vraie source d’encouragements pour l’enfant.
« Je vois que tu as réussi à colorier la tête du personnage sans dépasser. »
« Aujourd’hui tu as tracé tout seul la forme de la maison. »
« Tu as réussi à écrire ton 6 dans le bon sens. »
On souligne la réussite, même si elle ne concerne qu’une petite partie de la réalisation de l’enfant.

Lou s'exerce sur un cahier de la collection MDI.
Les cartes d’encouragements et de champion
Notre psychomotricienne m’a conseillé de créer des cartes qui viendraient matérialiser ces encouragements verbaux et qui permettent à l’enfant de prendre du recul et d’évaluer son propre travail de manière bienveillante.
On crée deux types de cartes :
- Les cartes d’encouragement
Les cartes d’encouragement comportent une petite phrase qui met en avant le fait que l’enfant a essayé. Si le résultat n’est pas là, ce n’est pas grave, l’essentiel c’est que l’enfant se soit entrainé ! Et c’est déjà un grand pas quand on part de très loin sur l’échelle du perfectionnisme…
- Les cartes de champion
Les cartes de champion, elles, marquent la réussite. Elles comportent également un message et une image que l’enfant apprécie.

Concrètement, elles sont utilisées juste après une activité réalisée par l’enfant. On dispose une carte d’encouragements et une carte de champion près de lui et on demande : « Tu as fini ton travail, qu’en penses-tu ? »
Les deux types de cartes doivent comporter chacune des images que les enfants apprécient. Par exemple les nôtres reprennent des illustrations en lien avec les engins, les tondeuses (intérêt spécifique de mes garçons…),… Mais ça peut être les dinosaures, les licornes, les chats, les avions,…
Partager sa propre expérience
Enfin, n’hésitez pas à rappeler à l’enfant qu’il est en train d’apprendre telle ou telle compétence (dessin, coloriage, écriture) et que c’est normal qu’il n’y parvienne pas immédiatement. Il faut souligner l’importance de s’entrainer. Allez-y sur les exemples : les sportifs s’entrainent pour une compétition, les musiciens pour un concert,…
Mais souvent, ce que les enfants apprécient, ce sont vos propres histoires ! Comment Papa, quand il était adolescent, a dû beaucoup s’entrainer, et même partir quelques mois en Angleterre, pour réussir à parler correctement anglais ! Comment Maman, qui s’est lancée dans l’aquarelle, doit faire de nombreux essais pour progresser !
Piochez dans les expériences familiales pour illustrer et nourrir le goût de l’effort !
Demander conseil à des professionnels
Parfois on se sent tout de même dépassé par tout ça ! C’est difficile d’accompagner un enfant qui est dans l’angoisse quotidiennement, qui est paralysé par la peur de rater.
Pour notre part, nous avons eu la chance de rencontrer une psychomotricienne passionnée par son métier et qui nous a guidés avec sagacité.
Elle a donné des conseils qui m’ont aidé à lâcher prise :
- Avant 6 ans, pas de stress sur le graphisme et l’écriture. Certains enfants seront prêts avant et écriront déjà très bien dès 5 ans, mais d’autres non. C’est vers 6 ans que le corps et l’esprit stabilisent un certain nombre de compétences utiles pour l’écriture.
- De ce fait, avant 6 ans, on autorise les enfants à avoir des tenues de crayon variées. Lou, qui a 5 ans, commence à tenir « correctement » son crayon, mais il lui arrive encore souvent de le prendre à pleine main, et c’est OK.

Lou s'exerce au tracé avec les formes à dessin Montessori.
- Et donc, en partant de ce postulat, tous les enfants ne progressent pas de la même manière, donc évitons les comparaisons... et de s'angoisser parce que la petite-fille de la voisine trace déjà toutes ses majuscules parfaitement !
- L’intérêt d’être en IEF est que l’on peut vraiment travailler au rythme de l’enfant. Profitons donc de cette chance que nous avons, en dosant avec justesse et en calibrant ce dont l’enfant a besoin. Si l'enfant sature et si écrire est une souffrance, accordons lui une pause ! Il faut savoir délaisser un exercice, parfois longuement, pour mieux y revenir plus tard, souvent dans de meilleures dispositions physiques, psychologiques,...
En conclusion…

Je sais déjà que l’inspecteur, lors du contrôle de l’IEF, va me dire que Swann (6 ans et demi) est en retard en comparaison des enfants de son âge, qui sont en CP, et qui doivent déjà être beaucoup plus avancés en écriture, notamment "en attaché".
Ce sera alors à moi de montrer, preuves à l’appui, que Swann, en 4 années d’IEF, a beaucoup progressé dans ce domaine et a amorcé un cercle vertueux. Désormais, il prend beaucoup de plaisir à tracer les arabesques et à réaliser les autres exercices de graphisme de son cahier Boscher « Ma méthode d’écriture ». Ce n’est plus le petit garçon paralysé devant la page et qui ne voulait même pas essayer par peur de rater. Et en cela, c’est un grand progrès ! Et je continuerai de l’accompagner dans cette voix, celle de la confiance, du plaisir et de l’accomplissement personnel, de même que son petit frère, Lou.
Il y a quelques mois, quand nous jouions à « dessinez, c’est gagné », les garçons me faisaient de drôles dessins, pas toujours faciles à deviner ! « Des rails de chemin de fer », « une ligne électrique », « une canne à pêche », «un sens interdit »,… désormais les dessins et les formes sont plus élaborés... signe que tout ça est sur la bonne voie !

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J’espère que cet article vous aura inspiré et donné des idées concrètes pour mettre en place des choses pour aider vos enfants. Pour aller plus loin, vous trouverez un article sur l’apprentissage de l’écriture et de l’orthographe chez Lili-Rose sur le blog, ainsi que mon livre Lili-Rose apprend dans l’e-shop où, en filigrane de mon récit sur nos année d’apprentissage se tisse notre pédagogie de la créativité et de la curiosité collaborative, que Swann et Lou suivent aussi, dans les pas de Lili-Rose.




Merci infiniment pour vos témoignages qui m'aide et m'encourage à lâcher prise par rapport à l'écriture. Dur dur en effet de ne pas se comparer aux autres mamans, enfant du même âge ! Maman d'un petit gars de 7ans tout juste avec un tsa je me retrouve dans vos deux expériences
de vie... Et quel bonheur de vous lire.. Merci